Le ministère de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MEBAPLN) a toujours œuvré pour la qualité et l’efficacité de l’éducation au Burkina Faso. Dans cette dynamique, l’édition des manuels scolaires, notamment ceux du sous-cycle CP, a été un chantier stratégique, visant à renforcer l’accès à une éducation de qualité à travers une réforme curriculaire ambitieuse. Toutefois, les choix passés ont montré des défis importants, obligeant le ministère à repenser son approche pour garantir la réussite de cette réforme essentielle.
Une Première Tentative avec les Éditeurs Privés
En 2019, un appel d’offre a été lancé pour l’édition des manuels de français et de mathématiques du CP, une étape clé dans la mise en œuvre de la réforme curriculaire. À cette occasion, deux éditeurs privés locaux ont été retenus pour la production de ces manuels. Cette démarche visait à encourager le secteur privé local, à valoriser les éditeurs nationaux et à participer activement à l’essor du marché de l’édition éducative au Burkina Faso.Cependant, malgré les bonnes intentions, cette expérience n’a pas répondu entièrement aux attentes du MEBAPLN. Plusieurs problèmes liés aux faibles capacités techniques et financières des éditeurs privés ont vite vu le jour.
Au niveau technique, nous pouvons relever entre autres :
L’absence de compétences pédagogiques. Pour le cas des manuels du CP, les éditeurs ont été obligés de faire recours aux agents du MENAPLN pour la rédaction des contenus. Ces agents deviennent de fait juge et partie, car ce sont les mêmes qui seront chargés ultérieurement de la supervision, de l’évaluation et de la validation des mêmes ouvrages ;
– Cette faible capacité technique est également à mettre en lien avec la nouvelle approche pédagogique adoptée le département, l’API (Approche pédagogique intégratrice), qui n’est pas maîtrisée par les éditeurs. Il faut dire à ce propos que le Ministère a été obligé de débourser des ressources supplémentaires pour revisiter les drafts proposés par les éditeurs qui présentaient de nombreuses insuffisances ;
– Le non-respect des délais de livraison des manuels a valu au Ministère de différer l’opérationnalisation de la réforme d’une année scolaire, soit de 2021-2022 à 2022-2023. De plus, la part variable du financement de l’édition desdits manuels par le partenariat mondial pour l’éducation a été perdu pour non-respect des clauses de délai.
Au niveau financier, les éditeurs ont des faibles capacités financières et de ce fait attendent des avances de démarrage. Cette situation creuse davantage le retard dans la livraison des manuels scolaires. A ces difficultés sus énumérées, il faut ajouter celle liée à la récupération des fichiers après leur création.
Choix de l’édition à l’interne, une réflexion stratégique
Face à ces difficultés, le MEBAPLN a pris une décision déterminante : l’édition à l’interne des manuels scolaires de la réforme curriculaire. Ce choix a été guidé par la volonté de mieux maîtriser les délais et les coûts, tout en renforçant les compétences internes du Ministère. Voici quelques avantages notables de cette nouvelle approche.
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