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Me Said Larifou : Notre panafricain de l’année 2023

Me Said Larifou n’est plus à présenter. Il est l’un des panafricains qui a marqué l’année 2023 à travers ses actions aussi bien politiques, humanitaires que sociales. C’est notre panafricain de l’année. A travers un entretien qu’il nous a accordé, l’avocat est revenu sur les points saillants de ses actions en faveur de la justice, l’Etat de droit et de l’humanisme.

Qui est Me Said LARIFOU ?

Je suis africain, un musulman humaniste très engagé pour le bien vivre ensemble dans la tolérance des hommes partout sur terreterre. Je souffre profondément des conflits, de l’intolérance et de l’indifférence aux injustices.  Je suis de ceux qui refusent toutes formes de barrières religieuses, sociales, linguistiques, géographiques, culturelles et autres qui entravent cet idéal et je vous avoue vivre bien car il y a toujours partout où je passe des hommes et des femmes promptes à partager avec leur prochain leur Humanité. Au fait c’est l’égoïsme de l’homme et le besoin de confort sommes tout superficiel qui est à l’origine du repli sur soi, de la peur de l’autre. Je tiens aussi à préciser que je suis à la quête perpétuelle du perfectionnement moral et intellectuel, j’apparais de ce fait un homme très nuancé dans mes analyses des situations et dans mes appréciations de l’Homme. Que dire en plus, je suis un père heureux des 5 enfants.

Décrivez-nous votre parcours professionnel et surtout politique ?

Ma vocation d’avocat à défendre mon idéal de justice et humaniste et « la veuve et l’orphelin » s’est élargie au fil du temps et des expériences à interpeller et agir pour les droits de l’homme, la démocratie et la liberté d’opinion en Afrique et partout où je suis sollicité notamment en Amérique du Nord et en Europe. J’ai eu la chance de plaider devant des tribunaux de différents pays sur des sujets emblématiques, assassinat raciste commis par des colleurs d’affiches du front national à Marseille, procès de Bob DENARD aux Assises de Paris suite à l’assassinat du Président Abdallah et un autre contre le même Bob DENARD devant le tribunal de Paris suite à la restitution du Président DJOHAR, ces faits et tant d’autres ont sérieusement contribué à façonner et renforcer mes convictions.

Mon engagement politique aux Comores  est la preuve manifeste  de ma  disponibilité sans cesse à vouloir contribuer au bien être de mes concitoyens, de donner une autre vision de l’avenir de ce beau pays et ce malgré les agressions physiques, les tentatives d’assassinats, tentative de mise à mort professionnelle et toutes formes d’intimidations et calomnies inimaginables, des agissements inconsidérés du pouvoir en place aux Comores au point de faire exiler ce qui m’empêche de mettre mes pieds à mon cabinet depuis bientôt 5 ans et apporter mon expérience au service de mes compatriotes.  Toutefois je me félicite de pouvoir le faire avec mes concitoyens de l’extérieur et à l’ensemble de la communauté panafricaine. Là où est bafoué l’esprit de liberté, les atteintes aux valeurs fondamentales liées à la gouvernance démocratique, là où l’oppression politique veut museler l’opinion je serai là, toujours disponible à défendre le faible et les opprimés.

Nous avons vu votre engagement, votre looping pour lattribution du prix Nobel de la Paix à Madame SAMIA SULUHU HASSAN, Présidente de la Tanzanie, votre présence à Ouagadougou au procès du capitaine Sankara, la campagne menée par ONG Waraba dAfrique dont vous êtes le président pour le référendum de la constitution au Mali, votre engagement pour les migrants subsahariens partout dans le monde et particulièrement en Tunisie et aux USA et ces derniers mois votre implication très active comme avocat du chef de l’opposition sénégalaise Ousmane SONKOPouvez-vous nous en dire plus ?

Pour revenir sur mes actions politiques pour les Comores, je félicite notre parti politique le Ridja et remercie nos cadres et militants qui en peu de temps et peu de moyens, malgré les fraudes. Le Ridja n’est pas dans le clientélisme ni la corruption. Nous ne sommes pas concernés par la gestion chaotique des Comores. C’est un parti jeune et qui mise et agit beaucoup pour l’avenir de notre jeunesse donc pour l’avenir des Comores. Notre offre politique pour les Comores est réaliste, audible et crédible. Nos scores politiques en sont les preuves. Cependant, nous devons revoir en profondeur nos structures et renouveler nos représentants dans les îles et les régions du pays pour pouvoir faire face aux prochaines échéances nationales et gagner des élections locales et nationales.

Dans cette logique il m’a paru nécessaire d’engager au travers des dossiers toutes mes forces pour convaincre les forces vives panafricaines à aller de l’avant et tourner la page de la décolonisation qui n’est malheureusement effective du moins dans l’esprit et le réflexe de certains et de la gouvernance calamiteuse des gouvernants issus de cette dernière. Il est très urgent que les africains prennent en mains leur destinée, plus de soixante ans après les indépendances de certains pays africains nous ne devons plus passer notre temps à pleurnicher, à accepter d’être maintenu comme prisonniers par notre passé traumatique.

Des pays, des personnalités politiques et de la société civile africaine se distinguent pour leur engagement, leur dévouement pour la démocratie, l’État de droit et pour une alternance apaisée et démocratique en Afrique. Avec mes amis, présidents des partis panafricains, siégeant au sein de la Conférence des Présidents Panafricains, nous nous sommes assignés comme mission de  valoriser  ces pays et ces personnalités, les faire connaitre d’où l’initiative que j’ai engagée de faire attribuer le prix Nobel de la paix à la présidente de la Tanzanie pour le travail colossal qu’elle fait pour son pays à l’instar du président Georges WEAH et d’autres qui,  en toute humilité et dignité, facilitent la Transition démocratique dans leur pays. Nos partis et organisations politiques africaines étudient la possibilité de décerner des prix à nos meilleurs ambassadeurs, nos champions.

Ousmane Sonko

Vous énumérez plusieurs autres sujets auxquels j’ai participé directement en ma qualité de conseil et d’autres comme observateur, quelle que soit ma place, l’intérêt général doit primer et ma présence ici ou là a pour but de marquer aussi les esprits dans une logique de respect des droits humains, de démocratie, le droit et des libertés si souvent bafoués aujourd’hui plus qu’hier. Pour preuve le combat que nous menons, mes éminents confères et moi même pour défendre OUSMANE SONKO qui fait l’objet d’acharnement judiciaire, militaire et administratif porte ses fruits la justice semble refuser d’être instrumentalisée à des fins politiciennes, notre combat en passe de porter ses fruits puisqu’un jugement ordonne sa réinscription sur les listes électorales et ainsi il a pu déposer sa candidature pour les prochaines présidentielles au Sénégal. Nous attendons donc la décision du conseil constitutionnel sénégalais que nous espérons confirmera les droits civiques de notre client. Il n’est plus admissible de confisquer par des arguties et des manœuvres dilatoires l’expression manifeste des populations à aspirer à une vie meilleure par le choix conscient des gouvernants chargés de défendre leurs intérêts.

Pourquoi tant de lutte, dengagement et dacharnement dans les luttes panafricaines ?

Le continent africain vit actuellement une mutation en profondeur avec des enjeux colossaux auxquels les africains premiers concernés doivent y participer par leur engagement et contribution au delà de tous clivages partisans. La nouvelle donne géopolitique qui se dessine sous nos yeux est une chance inespérée pour notre continent.  La où d’autres veulent maintenir leurs privilèges issus de la décolonisation en prônant l’immobilisme, défendons fermement les intérêts de notre continent tout en privilégiant le dialogue. Profitons de cet appel d’air pour promouvoir et appliquer à notre rythme les modifications, les changements et les réajustements nécessaires à la bonne gouvernance et le respect de nos partenaires qu’ils soient politiques, économiques et culturels. Nous devons admettre et assimiler qu’en géopolitique il n’y a pas d’amitié mais que des intérêts à défendre. Notre continent doit placer et donner son destin à ceux et celles qui sont aptes à défendre nos intérêts. Les autres choisissent les meilleurs pour assurer leur avenir et défendre leurs intérêts.

Afficher notre panafricanisme responsable et notre vision réaliste pour notre continent ne devrait pas être interpréter comme une agression ni un acte de défiance à l’égard de qui que ce soit. Nous n’avons pas encore purge les situations politiques, sociales et culturelles issues de la colonisation. La décolonisation qui est purement formelle dans certains pays notamment francophones n’a pas permis durant des décennies passées de faire émerger un autre modèle politique et économique et cela a pour conséquences les ingérences étrangères, la corruption, les coups d’État institutionnels tolérés.

Quel regard portez-vous sur le Sénégal et lAfrique de façon générale ?

Aujourd’hui la prise de conscience est unanime et ça serait irresponsable et une trahison à l’égard des futures générations d’africains de vouloir reconduire les vieux schémas complètement inaptes qui nous ont conduit à la situation chaotique actuelle de l’Afrique avec tous les lots de problèmes et des échecs.  La migration massive et périlleuse de notre jeunesse vers l’Europe, souvent dans des conditions humiliantes et dégradantes, est une urgence humanitaire et politique absolue qui relève aussi et surtout de notre responsabilité. Nous devons prendre conscience qu’a travers sa politique migratoire, les occidentaux ne veulent plus assumer leur responsabilité et les conséquences préjudiciables de leur politique envers l’Afrique. Désormais, ils ne veulent plus voir des africains chez eux, leur actualité se résume à l’immigration qui est devenue un enjeu politicien.

L’avenir des milliards d’africains doit préoccuper les dirigeants africains.  Les problèmes liés à la formation des milliards d’africains, ceux liés  à l’autosuffisance alimentaire, l’eau, la santé, la libre circulation effective des africains en Afrique, de l’environnement, de la démocratisation de nos sociétés, la construction des grandes écoles en Afrique relèvent de notre responsabilité. Nous avons une expertise africaine connue et reconnue dans le monde. Elle doit être mise au service de notre continent pour apporter des réponses aux questions et aux préoccupations susvisées. Désormais, la reconnaissance des États doit se faire d’une manière équitable. Il ne peut plus y avoir des discriminations entre les États forts qui imposent et les États qui subissent mais cela suppose que notre organisation panafricaine et continentale, Union Africaine, nos organisations sous régionales assument sincèrement leurs responsabilités et soient à la hauteur de leur vocation panafricaine.

Pour revenir au Sénégal, en février prochain doivent se tenir des élections présidentielles, nous espérons tous que la démocratie l’emporte et que l’État de droit puisse triompher pour préserver ainsi les institutions démocratiques d’un pays qui a toujours été pris pour exemple. Nous avons tous pour soucis que ce pays inspirant, champion de démocratie en Afrique triomphe dans le combat mené pour une Transition démocratique en Afrique. Si le Sénégal s’abime dans l’anarchie et l’arbitraire, de nombreux dictateurs se sentiraient renforcés.

Interview réalisée par Abdoul Kader Ouédraogo

la-plume.bf

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