Journée internationale de la Femme: Au cœur de l’activité d’une mécanicienne de train à SITARAIL
Le 8 mars, le monde célèbre la Journée internationale des Droits des Femmes. Un thème est choisi chaque année par les Nation Unies pour cette célébration. Cette année, le thème retenu est « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Des femmes se battent chaque jour pour s’affirmer dans tous les corps de métier. Nous sommes allés à la rencontre d’une femme d’exception qui exerce son activité dans un milieu traditionnellement dominé par les hommes, le chemin de fer.
Fatimata Ouédraogo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est une cheminote à la Société internationale de Transport africain par rail (SITARAIL). Elle exerce son métier au chemin de fer, milieu à forte dominance masculine depuis la Régie Abidjan Niger (RAN) où elles étaient cantonnées dans des fonctions administratives. Mais la décennie passée a marqué le début d’une révolution de la gent féminine au chemin de fer Abidjan – Ouagadougou. Avec l’avènement de SITARAIL elles ont fait une percée remarquable en investissant tous les niveaux et métiers au sein de l’entreprise, tant dans les directions techniques qu’administratives. Fatimata Ouédraogo, thermicienne, est en effet, l’une d’elles. Nous sommes partis à sa rencontre à la gare de train de Ouagadougou. Dans la fosse de l’atelier dépôt-entretien, clé à molette en main, en pleine opération d’entretien d’une locomotive, elle nous explique ses tâches. « Mon travail au quotidien à SITARAIL en tant que thermicienne consiste à l’entretien et à la réparation des engins moteurs tels que les locomotives et les engins de chantiers, à savoir les draisines et les engins de terrassement ». Sa passion pour le chemin de fer, et plus particulièrement la « mécanique des locomotive » remonte depuis son enfance. « Depuis toute petite, en voyant le train circuler, j’ai toujours été animé par le désir d’exercer le métier de cheminot », nous expliqua-t-elle avant de poursuivre « J’ai effectué, en 2019, un stage pratique au sein de l’entreprise. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 2021, j’ai été recrutée par SITARAIL pour l’entretien et la réparation des locomotives et wagons. ».
Seule femme parmi une équipe d’une dizaine de personnes, Fatimata Ouédraogo dit être épanouie dans ce métier. « Il y a une bonne collaboration avec mes collaborateurs et supérieurs hiérarchiques. Il n’y a aucune discrimination liée au genre. Nous bénéficions des mêmes traitements et avantages » Elle ne manque pas non plus de prodiguer des conseils aux femmes qui hésitent encore à embrasser des métiers fortement dominés par des hommes « Avec la volonté, le courage et la persévérance, il est possible d’évoluer et même de se distinguer dans un corps de métier dominé par des hommes. Il faut toujours oser. Il n’y a pas de travail qu’une femme ne puisse pas faire, et vice-versa ».
De toute évidence, Fatimata Ouédraogo a osé, persévéré et s’est distinguée aux yeux de ses collaborateurs qui apprécient positivement son travail. « C’est une femme dynamique et battante. Elle arrive à réaliser sans problème les check-lists qu’on lui donne. Avec elle, nous sommes devenus comme une famille. Je l’encourage à toujours faire son travail, comme elle le fait déjà si bien », a affirmé Ismaël Foro, un des collaborateurs de Fatimata Ouédraogo.
Même son de cloque au niveau de sa hiérarchie. Pour Assane Ouédraogo, Chef du dépôt-entretien de Ouagadougou, Fatimata Ouédraogo s’assure du travail bien fait et rendu dans les délais impartis. Il n’hésite pas à lui formuler des conseils. « Au chemin de fer, on apprend toujours. De par sa volonté manifeste et son abnégation au travail, elle a une belle carrière professionnelle devant elle car les qualités qui ont prévalu à son recrutement sont toujours présentes ».
L’entreprise, à en croire ses collaborateurs, met un accent particulier sur la promotion du genre, à travers la féminisation de l’ensemble de ses corps de métiers, permettant à plus d’une trentaine de femmes d’accéder à des fonctions managériales et dans des domaines traditionnellement réservés aux hommes. Dans le domaine technique, on retrouve des cheminotes ingénieures en Génie civil, conductrices de train, cheffes de gare, responsables de travaux de voie, ingénieures en bâtiments et télécoms, mécaniciennes, électriciennes, freinistes, soudeuses, etc. Sa politique est ainsi axée sur l’égalité des chances en offrant aux femmes, les mêmes chances en termes de recrutement, en termes de développement de carrière, que les hommes. Elle les encourage à persévérer, à l’instar de Fatimata Ouédraogo, car elles sont les véritables locomotives de leurs sœurs qui souhaitent devenir cheminotes.
Josué Bonkoungou