Ceci est une étude théorique synthétique du Dr Vincent ZOMA, Enseignant-Chercheur à l’ Université Joseph KI-ZERBO qui examine les effets du changement climatique sur la santé publique au Burkina Faso, en se concentrant sur les maladies infectieuses, les maladies respiratoires, la malnutrition, le stress thermique et les réponses du système de santé.
Le changement climatique constitue l’un des défis majeurs du XXIe siècle, avec des répercussions sur la santé publique qui sont particulièrement préoccupantes dans des régions vulnérables comme l’Afrique. Selon des études récentes, près de 250 000 décès supplémentaires par an pourraient être attribués au changement climatique entre 2030 et 2050, en raison de maladies infectieuses, de la malnutrition, du stress thermique et des maladies respiratoires (Watts et al., 2018). Au Burkina Faso, les sécheresses répétées et les inondations deviennent de plus en plus fréquentes, exacerbant les problèmes de santé publique. Cette étude théorique synthétique examine les effets du changement climatique sur la santé publique au Burkina Faso, en se concentrant sur les maladies infectieuses, les maladies respiratoires, la malnutrition, le stress thermique et les réponses du système de santé.
Effets du changement climatique sur les maladies infectieuses
Le changement climatique a des conséquences directes sur la propagation des maladies infectieuses. Giesen et al. (2020) soulignent que l’augmentation des températures et de l’humidité favorise la prolifération des moustiques, prolongeant ainsi les périodes de transmission de maladies comme le paludisme. Cette situation met une pression supplémentaire sur des systèmes de santé déjà fragiles, nécessitant des ressources accrues pour la prévention et le traitement. Les populations vulnérables, en particulier celles vivant dans des conditions socio-économiques précaires, sont davantage exposées.
En outre, le changement climatique modifie la saisonnalité et l’intensité des épidémies, rendant les périodes de pic moins prévisibles, comme l’indique l’OIM (2024). Cela complique les efforts de prévention et nécessite une adaptation des campagnes de vaccination et des initiatives de sensibilisation. Face à ces défis, une approche intégrée qui allie traitement et mesures préventives liées au climat est essentielle.
Maladies respiratoires et qualité de l’air
Les maladies respiratoires connaissent une augmentation alarmante au Burkina Faso, exacerbée par le changement climatique et la dégradation de la qualité de l’air. Les événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les inondations, ont des impacts directs sur la santé respiratoire des populations. Zoma et al. (2022) notent que ces cycles climatiques extrêmes dégradent les infrastructures et l’environnement, augmentant la pollution de l’air. La dégradation des terres, souvent causée par des pratiques agricoles intensifiées, libère des poussières et des particules fines, augmentant les risques de maladies respiratoires. L’exposition à des niveaux élevés de particules fines est corrélée à des maladies chroniques comme l’asthme et la bronchite. Les populations rurales, plus touchées par la dégradation des terres, affichent des taux plus élevés de ces affections.
En outre, les sécheresses compromettent l’accès à l’eau potable, ce qui peut accroître le risque de maladies respiratoires, particulièrement lorsque les populations se tournent vers des sources contaminées. Cette situation crée un cercle vicieux où des conditions climatiques dégradées aggravent les problèmes de santé publique. Pour atténuer cette problématique, il est crucial de mettre en place des mesures de prévention et d’atténuation de la pollution. Cela inclut la réduction des émissions provenant des véhicules et des industries, la promotion de technologies propres et le renforcement des réglementations sur la qualité de l’air.
Malnutrition et sécurité alimentaire
La malnutrition est un défi majeur de santé publique au Burkina Faso, aggravé par le changement climatique. Les événements climatiques, tels que les sécheresses et les inondations, ont un impact direct sur la production agricole, compromettant ainsi la sécurité alimentaire. Les enfants sont particulièrement vulnérables, car leur développement dépend d’une nutrition adéquate. Les sécheresses et les inondations compromettent l’accès à des nutriments essentiels, entraînant des conséquences à long terme sur leur santé. La variabilité climatique limite également la diversité des cultures, ce qui accroît le risque de malnutrition. Pour contrer ces effets, des programmes d’intervention ciblés, tels que la distribution de suppléments nutritionnels et l’éducation nutritionnelle, sont essentiels. Promouvoir des pratiques agricoles durables, comme la rotation des cultures et l’agriculture agroécologique, est crucial pour maintenir la production alimentaire, même en période de conditions climatiques extrêmes.
Stress thermique et maladies cardiovasculaires
Le stress thermique, résultant de l’augmentation des températures, représente un risque majeur pour la santé cardiovasculaire au Burkina Faso. Les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes, contribuent à une hausse des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Nawaro et al. (2023) montrent un lien direct entre ces vagues de chaleur et l’augmentation des hospitalisations pour maladies cardiaques. Les températures extrêmes imposent un stress thermique au corps, ce qui peut entraîner des complications cardiovasculaires, en particulier chez les personnes âgées et celles ayant des conditions préexistantes. De plus, le stress thermique combiné à la pollution de l’air intensifie les risques cardiovasculaires. Dans les zones urbaines, où la pollution est élevée, les populations subissent un double fardeau.
Pour atténuer ces impacts, il est crucial de sensibiliser les populations aux risques liés à la chaleur. Des campagnes d’information peuvent éduquer sur les comportements à adopter lors de vagues de chaleur, comme rester hydraté et éviter l’exposition directe au soleil. L’amélioration des infrastructures de santé et la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour les vagues de chaleur sont également nécessaires.
Réponses du système de santé aux défis climatiques
Pour faire face aux défis croissants du changement climatique, le Burkina Faso doit adopter une approche systématique pour renforcer la résilience de son système de santé.
👉 Renforcement des capacités
Former les professionnels de santé sur les impacts du changement climatique est essentiel. Des programmes de formation continue devraient sensibiliser les acteurs de la santé aux effets du changement climatique sur la santé publique. Parallèlement, le développement de systèmes de surveillance sanitaire est nécessaire pour suivre les tendances des maladies et anticiper les besoins en ressources.
👉 Sensibilisation et éducation
Des programmes éducatifs bien conçus sont indispensables pour fournir aux communautés les connaissances nécessaires pour faire face aux menaces liées au changement climatique. Impliquer des leaders communautaires et des organisations locales est essentiel pour garantir l’efficacité des interventions.
👉 Collaboration intersectorielle
Une approche intersectorielle, réunissant les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’eau et de l’environnement, est primordiale. La coordination entre les secteurs peut aider à développer des stratégies alimentaires prenant en compte les impacts du climat sur la production.
En somme, cette recherche met en évidence l’importance d’une approche intégrée et intersectorielle pour renforcer la résilience des communautés vulnérables face aux défis du changement climatique au Burkina Faso. Les populations rurales, déjà affectées par des aléas climatiques, voient leur vulnérabilité croître, impactant directement la sécurité alimentaire et la santé publique. L’interaction entre le secteur de la santé et celui de l’agriculture est essentielle. Une meilleure coordination permettrait d’élaborer des politiques alimentaires qui tiennent compte des besoins des populations ainsi que des effets du changement climatique sur la production. En améliorant la production locale et en diversifiant l’alimentation, les politiques de santé publique pourraient mieux prévenir les maladies liées à la malnutrition.
Les partenariats entre gouvernements, ONG et communautés locales sont également cruciaux. Une approche participative favorise l’appropriation des solutions par les populations, facilitant le partage de connaissances et l’accès à des innovations. Les acteurs locaux, en première ligne face aux effets du changement climatique, sont ainsi mieux préparés à adopter des pratiques adaptées. Ainsi donc, pour faire face aux défis climatiques au Burkina Faso, il est vital d’adopter une approche intégrée et collaborative. En investissant dans des stratégies qui relient santé publique et agriculture durable, le pays peut construire un avenir où la santé et le bien-être des populations sont protégés contre les bouleversements climatiques.
Références
Giesen C, Roche J, Redondo-Bravo L, Ruiz-Huerta C, Gomez-Barroso D, Benito A, Herrador Z. The impact of climate change on mosquito-borne diseases in Africa. Pathog Glob Health.114(6), 2020, 287-301.
Nawaro J., Gianquintieri L., Pagliosa A., Sechi G. M., Caiani E. G. Heatwave Definition and Impact on Cardiovascular Health: A Systematic Review. Public Health Rev. 16 (44), 2023
Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Impacts du changement climatique sur la santé répercussions sur le développement et la mobilité humaine. 2024, 5pages.
World Health Organization (WHO). Climate change.2023. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/climate-change-and-health
Zoma V., Tarama W. J. I. & Ouédraogo J. Variabilité climatique dans la commune rurale de Seytenga au Burkina Faso .LES CAHIERS DE L’ACAREF, 4 (8), 2022, 320-334.
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