Burkina Faso : Le SYNAPEC plaide pour de meilleures conditions de travail et une réforme du système éducatif
Le Syndicat National des Professeurs d’Écoles (SYNAPEC) a animé une conférence de presse ce samedi 9 novembre 2024 à Ouagadougou, pour attirer l’attention des autorités sur les nombreux défis persistants qui affectent le secteur éducatif burkinabè. Bessambie Germain Bayili, chargé à l’organisation et l’information a exposé les problèmes majeurs tels que les inégalités dans les concours professionnels, le manque de ressources et les besoins de réforme pédagogique.
Les enseignants du primaire, selon le SYNAPEC, sont confrontés à une injustice dans les opportunités à une progression professionnelle. Bessambie Germain Bayili, chargé à l’organisation et l’information a rappelé que, bien que les enseignants n’aient pas eu accès aux concours depuis plusieurs années, un concours de catégorie A3 a été lancé en 2022 avec une limite d’âge de 47 ans, excluant ainsi de nombreux instituteurs expérimentés et déjà certifiés. « Ces même instituteurs certifiés resteront dans la catégorie B1, avec ceux nouvellement recrutés avec le niveau baccalauréat, créant des conflits professionnels et sociaux dans la gestion des écoles et le processus de transmission des expériences», a-t-il déclaré. Le syndicat considère que cette situation compromet le transfert de savoir-faire au sein du corps enseignant.
La question du repositionnement des Instituteurs Adjoints Certifiés (IAC) est également au cœur des revendications du SYNAPEC. « Pendant que le corps des IAC soit en cours d’extinction, aucune moratoire n’a été prise pour leur permettre d’accéder à la catégorie supérieure afin de corriger l’injustice. Le monde éducatif n’a pas admis le recrutement des professeurs d’école pendant que des IAC sont toujours sur le terrain», a déploré M. Bayili. En réponse, le syndicat propose un reversement des IAC en B1 avant l’intégration des nouveaux enseignants, ainsi que le reclassement des instituteurs certifiés ayant atteint la limite d’âge en A3. Pour eux, ces ajustements sont essentiels pour instaurer un climat de travail plus harmonieux et renforcer la cohésion dans les établissements.
Par ailleurs, le SYNAPEC a soulevé des inquiétudes au sujet des conditions matérielles et humaines dans les écoles. Il évoque des classes surchargées, l’absence de soutien spécialisé pour les élèves en difficulté, et un manque de matériel pédagogique, des facteurs qui limitent, selon eux, la qualité de l’éducation. Le syndicat a aussi souligné l’importance de la formation continue pour les enseignants et suggère de rétablir les groupes d’animation pédagogique et d’organiser au moins trois sessions de formation continue chaque année. Dans le contexte de l’insécurité persistante dans certaines régions, le SYNAPEC recommande la création d’un corps spécial de professeurs pour les zones à risque.
A en croire le chargé à l’organisation et l’information, ces enseignants recevraient une formation spécifique et bénéficieraient d’une prime journalière de 7 500 F pour compenser les risques supplémentaires encourus. Le syndicat appelle également à une modernisation des pratiques pédagogiques, afin de mieux répondre aux nouvelles réalités éducatives. Il sollicite l’accompagnement du Ministère de l’Éducation de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MEBAPLN) dans cette démarche, estimant que « ce changement demande du temps, des ressources et un soutien constant des autorités », mais déplore par ailleurs que ses demandes d’audience auprès du ministre de l’Éducation, formulées depuis janvier 2024, soient restées sans réponse. Le SYNAPEC s’est prononcé contre le passage automatique des élèves d’un sous-cycle à l’autre. Il propose d’autoriser le redoublement pour les élèves ayant une moyenne annuelle inférieure à 5/10. À travers ces propositions, le SYNAPEC espère que les autorités prendront des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail des enseignants et garantir une éducation de qualité au Burkina Faso.
Bernadine Ouédraogo
LA PLUME