«Le terrorisme n’a pas d’avenir au Burkina Faso. L’avenir de la jeunesse burkinabè ne se trouve pas dans les groupes armés mais dans la république pour bâtir une nation de paix, prospère et respectée», a laissé Abdoul Aziz KAFANDO, juriste et acteur engagé en matière de jeunesse et de promotion de la paix. Cette réflexion citoyenne a eu lieu lors d’une conférence publique dans la cité de Naaba KAONGO animée par celui-ci le jeudi 11 janvier 2024.
Pendant presque 2h d’horloge, le conférencier aura tenue en haleine son public fortement mobilisé pour la cause de la paix au Burkina Faso en général et dans la région du Nord en particulier. Avant l’engagement des échanges, M.KAFANDO n’a pas manqué de saluer la bravoure des FDS et VDP à qui il rend un hommage vibrant en ces termes : « qu’ils ne dorment pas pour que nous dormions», en demandant une minute de silence à la mémoire des vaillants fils et filles tombés pour la défense de la patrie.
Organisée en partenariat avec les faîtières d’organisations de jeunesse de la région du Nord comme le Conseil Provincial de la Jeunesse du Yatenga , le Conseil Régional de la Jeunesse du Nord, les Conseils communaux de la Jeunesse, la conférence avait pour thème : « Rôle de la jeunesse dans la préservation et la consolidation de la paix». D’emblée, le conférencier souligne un fait paradoxal en ce sens que la jeunesse est une force sociale longtemps négligée et sous-estimée mais qui est pourtant majoritaire. S’appuyant sur des citations du Président Thomas SANKARA, de Frantz FANON, de Joseph KI ZERBO et de Cheikh Anta DIOP, il met en évidence la nécessité d’un engagement véritable de la jeunesse à travers une mobilisation citoyenne constante car une Jeunesse mobilisée est une puissance qui effraie même les bombes atomiques. La jeunesse n’est pas seulement l’avenir, elle est d’abord le présent. Elle peut être un rempart contre toute domination quelconque, pourvue qu’elle prenne conscience de sa force intrinsèque et de son rôle.
Selon le conférencier, l’heure est venue pour la jeunesse burkinabè de se réveiller, de prendre conscience de sa force en tant que couche sociale majoritaire en étant le principal acteur des transformations ou réformes souhaitées pour un Burkina de paix, de justice sociale et prospère. Face au fléau de l’intolérance, de la haine, le communicateur pense que le manque de connaissance de la culture de l’autre et des communautés de son pays y est pour quelque chose. Il propose donc la mise en œuvre d’un programme gouvernemental d’immersion culturelle au profit des jeunes, élèves, étudiants afin qu’ils découvrent dans le cadre d’un brassage, les différentes pratiques culturelles existantes au pays des hommes intègres. Cela favorise selon lui, l’atténuation voire l’élimination des préjugés et stéréotypes qui peuvent fragiliser la cohésion sociale et le vivre ensemble. Ainsi, les nôtres grandiront avec une identité culturelle consolidée. « Plus nous savons plus des uns des autres, plus nous nous comprenons», a t-il martelé. Abordant l’image de la jeunesse burkinabè souvent assimilée à une couche sociale non préparée, sans expérience et donc non apte à prendre des responsabilités, le Conférencier appelle de ses vœux un changement de paradigme, de mentalité, qui laisse place à l’image d’une jeunesse consciente des enjeux stratégiques du moment et qui s’active en tant qu’acteur de développement.
Constatant et affirmant que le Burkina Faso traverse l’un des pires épisodes de son histoire, le juriste confie que le rôle de la jeunesse est encore plus prépondérant pour bâtir une paix durable au regard du contexte politique, sécuritaire et humanitaire. Après avoir dépeint le milieu de la jeunesse et les différents défis auxquels les jeunes sont confrontés, Abdoul Aziz a largement exposé les leviers potentiels pour une meilleure contribution des jeunes au retour de la paix. « la première chose qui me vient à l’esprit, c’est la connaissance, la formation. Sans formation valable ni vigilance, chaque personne peut être un pion à la solde d’intérêts auquels l’on n’a pas intérêt », a t-il prévenu. Il n’hésitera pas à faire remarquer que « tout le monde n’est pas ami de la paix, tout le monde n’est pas partisan de la paix. Il y a des gens, il y a des groupes d’intérêts qui s’enrichissent grâce à la guerre. La paralysie actuelle du Conseil de sécurité de ONU est un bel exemple ».
La jeunesse doit d’abord croire en elle-même car « comme le dit Joseph KI ZERBO, on ne développe pas, on se développe. Si nous ne croyons pas en nous, personne ne le fera à notre place. Si nous n’investissons pas en nous, personne n’investira en nous. Nous sommes le premier architecte de notre avenir». Il faudrait également arriver à nous poser la question suivante : Qu’est-ce que je peux faire pour mon pays en tant que jeune ? Un des leviers serait la nécessité d’une veille citoyenne et patriotique continue pour garantir des réformes systémiques majeures et préverser la nation contre toute menace intérieure ou extérieure. Par ailleurs, il se pose un fort besoin d’éducation et de sensibilisation contre la radicalisation, un retour aux valeurs d’intégrité, de probité, de patriotisme et du travail. Pour y arriver les citoyens doivent avoir accès à une justice équitable, une égalité de chance dans la cité. À en croire le juriste, il s’impose une réelle promotion de la cohésion sociale, du vivre ensemble et de la culture de la paix. « La paix est une culture, une plante qu’il faut savoir arroser constamment. »
Au-delà des éléments relevés, les jeunes pourraient promouvoir une citoyenneté responsable avec des actions qui tendent à construire des ponts et non des barrières et le tout sans avoir besoin d’un parrain politique qui téléguide les dynamiques. Convoquant dans son analyse le Président Thomas SANKARA qui affirmait ceci : « tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme ». Le réveil du potentiel de la jeunesse burkinabè permettra non seulement de construire la paix mais également d’entamer les chantiers du développement socio-économique. Car dit-il, « pendant que nous jeunesse africaine, nous dormons, nos gaspillons nos énergies dans des futilités, les jeunes d’Asie par exemple sont en train de produire dans leurs complexes industriels». Dans sa conclusion, l’orateur du jour a invité l’ensemble des jeunes à devenir des ambassadeurs de la paix dans leurs communautés respectives. De riches échanges, des engagements et résolutions à agir davantage pour la paix ont ponctué la suite de la rencontre qui a mobilisé une centaine de participants.
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