Burkina/Retards académiques dans les Universités publiques: Plus de 80% de filières normalisées
Le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a animé une conférence de presse ce mardi 12 novembre 2024 à Ouagadougou pour faire le point sur les efforts de normalisation des années académiques au sein des institutions d’enseignement supérieur burkinabè. Le Ministre Adjima Thiombiano a présenté les causes des retards, les stratégies mises en œuvre, les acquis, ainsi que les perspectives pour les années académiques à venir.
Les universités publiques du Burkina Faso font face à d’importantes difficultés, notamment des retards académiques et des chevauchements de programmes. Ces problèmes, qui affectent le bon déroulement des années académiques, ont été largement abordés par le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Pr Adjima Thiombiano, lors d’une conférence de presse tenue le 12 novembre 2024 à Ouagadougou. Il a détaillé les causes de ces retards, les mesures mises en place pour les résoudre, ainsi que les résultats obtenus et les perspectives pour les années à venir.
Selon le ministre, ces difficultés dans les Instituts d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) sont le fruit de plusieurs facteurs. « Il y a la faiblesse de la gouvernance institutionnelle, le manque de maîtrise de la situation réelle des années académiques, l’insuffisance des infrastructures et du personnel enseignant », a-t-il expliqué. La crise sécuritaire qui sévit dans certaines régions a aussi aggravé la situation, rendant difficile le fonctionnement normal de certaines universités. En outre, l’augmentation rapide de la population estudiantine a mis une pression supplémentaire sur le système éducatif, exacerbée par les grèves fréquentes. «Les grèves ont contribué à plomber les efforts de résorption des retards dans nos universités », a ajouté Pr Thiombiano.
À la date du 1er octobre 2023, parmi les 321 filières des universités publiques, 159 souffraient de retards importants. Toutefois, le ministre a annoncé que des mesures rigoureuses ont été mises en œuvre pour remédier à la situation. « Grâce aux mesures de normalisation, 62,26 % des filières ont été régularisées au 30 septembre 2024 », a-t-il déclaré, soulignant les progrès réalisés entre octobre 2023 et juillet 2024, avec 23,90 % des filières retardées qui ont pu être normalisées, et 38,36 % supplémentaires durant la période d’août à septembre 2024.À la date du 31 juillet 2024, 200 filières étaient considérées comme normalisées, soit une amélioration notable par rapport aux 121 filières encore en retard. En poursuivant son explication, le ministre a précisé qu’au 30 septembre 2024, 261 filières étaient à jour, représentant 81,30 % du total, tandis que 60 filières, soit 18,70 %, demeuraient en retard.Parmi les mesures prises, Pr Thiombiano a mentionné la réhabilitation des infrastructures pédagogiques, l’équipement des laboratoires, l’amélioration de la connexion internet dans les IESR, ainsi que l’installation de la plateforme numérique Campus Faso. Des efforts ont également été faits pour faciliter le transport des étudiants avec l’appui de la SOTRACO, et des ordinateurs ont été fournis aux chefs de départements. Ces initiatives ont été soutenues par une gestion plus stricte des emplois du temps et un suivi rapproché des activités académiques.
C’est pourquoi le ministre a salué les efforts collectifs qui ont permis d’aboutir à ces résultats ainsi que de garantir que tous les nouveaux bacheliers de l’année 2024 fassent leur rentrée dans les délais et démarrent leurs cours sans retard. « À la date d’aujourd’hui, toutes ces filières qui ont effectué leur rentrée font les cours de façon effective », a-t-il confirmé, ajoutant que c’était une première depuis plusieurs années. Toutefois, certains retards demeurent, notamment à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) et l’Université Norbert Zongo (UNZ), où des filières telles que les Lettres modernes, la philosophie, l’histoire, l’archéologie, la sociologie et la psychologie accusent encore des retards. « À l’UJKZ, nous enregistrons encore des retards et des chevauchements en LM, philosophie, histoire, archéologie, sociologie, psychologie. À l’UNZ, on note des retards et chevauchements en SVT, histoire, archéologie, LM, géographie et philosophie », a détaillé le ministre. De même, à l’Université de Bobo-Dioulasso (UVBF), des retards sont à signaler dans des filières telles que le génie logiciel et l’intelligence artificielle.Cependant, certains établissements se distinguent par leur bonne gestion académique. Pr Thiombiano a ainsi cité l’École Polytechnique de Ouagadougou (EPO), l’École Normale Supérieure (ENS), l’Université Lédéa Bernard Ouédraogo et l’Université Yembila Abdoulaye Toguyeni, qui ne connaissent aucun retard académique.Le ministre a insisté sur la nécessité de maintenir le cap pour parvenir à une normalisation complète des années académiques.
« Cela passe par la mise en place d’un système de gestion administrative et académique plus innovant et efficace, la relecture des régimes des études pour mieux contextualiser la formation, et la mise en œuvre d’un vaste programme de formation doctorale », a-t-il précisé. Il a également salué l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous, qui vise à résoudre les problèmes structurels des universités publiques. Cette initiative prévoit la construction de 39 amphithéâtres, la création de cités et restaurants universitaires, des forages et l’aménagement de 5 km de rues pavées dans chaque université, ainsi que d’autres projets visant à améliorer les conditions d’études.Pr Thiombiano a conclu en exprimant sa reconnaissance envers le leadership du président du Faso et du Premier ministre, ainsi qu’en saluant la solidarité gouvernementale et l’engagement de tous les acteurs de l’enseignement supérieur. Il a appelé à un engagement renforcé pour garantir des résultats durables et probants.
Bernadine Ouédraogo
LA PLUME