Ancien rédacteur en chef du Journal La Cohésion et du journal Le Quotidien, Idrissa Birba est un journaliste d’expérience qui, après plusieurs années de pratique dans la presse écrite a décidé de se lancer dans l’univers des médias en ligne au Burkina Faso. Nous l’avons rencontré pour échanger sur son nouveau média en ligne : Réveil Info.
LA PLUME: On vous a connu comme rédacteur en chef du journal Le Quotidien, ensuite du journal La Cohésion, aujourd’hui vous êtes promoteur et directeur de publication d’un journal en ligne : www.révéil-info.net. Qu’est-ce qui explique cela, vous semblez être insatisfait ?
Idrissa Birba (IB) : (rires). Non pas du tout ! Pour répondre à votre question, vous savez, j’ai fait plus de 8 ans au journal Le Quotidien en tant que rédacteur en chef. Quand vous passez plusieurs années dans un service, vers la fin vous devenez comme improductif. Tout devient de la routine, surtout s’il n’y a pas assez d’innovations. Je suis parti du journal Le Quotidien, un nouveau rédacteur en chef a été nommé. Vous voyez que mon départ a fait la promotion d’un plus jeune. Et c’est bien ! Quand vous passez plusieurs années dans un service donc, il vous arrive de vouloir changer, de vouloir tenter d’autres expériences. Quoi qu’il en soit, cela sert toujours de l’expérience et c’est formateur. Après donc plus de 8 ans au Journal Le Quotidien, une opportunité s’est présentée avec l’ouverture du journal La Cohésion où on m’a fait appel pour être encore rédacteur en chef. On était vraiment bien parti, malheureusement l’expérience a été de courte durée avec la fermeture du journal, contexte national difficile oblige ! Par la suite, certains organes de presse m’ont contacté au regard de mon expérience. Mais je voulais prendre quelques mois de réflexions avant de décider. Finalement après avoir décliné gentiment l’offre des confrères, j’ai décidé de me lancer dans la création d’un média en ligne. C’est pour moi une autre expérience après celle de la presse écrite en papier dans au moins 3 journaux et cela pendant plusieurs années, sans compter dans certains médias internationaux où j’étais correspondant.
Pourquoi le nom Réveil Info ?
IB : En tant que journaliste vous êtes très bien placé pour connaitre l’importance d’un réveil. Pour comprendre le nom réveil Info, il faut le voir sous l’angle social et sous l’angle politique. D’abord sous l’angle social, vous savez que réveil comme son nom l’indique sert à donner l’heure en fonction de la programmation. Il sert à réveiller si vous dormez. Il sert à vous rappeler qu’il est l’heure de faire quelque chose comme aller au travail, aller à un rendez-vous…. De ce point de vue, le rôle et l’importance du réveil n’est plus à démontrer ! Ensuite sur le plan politique, depuis les indépendances, c’est toujours le même refrain : l’Afrique doit se réveiller. Cela veut sans doute dire l’Afrique dort au sens figuré ou propre du terme. Pourtant nous avons un continent très riche sur tous les plans. Le capital humain, les richesses minières du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre, l’Afrique est très riche. Et nous sommes toujours considérés comme un des continents les plus pauvres. Il y a donc un problème. Il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi ce sont les autres surtout les occidentaux qui profitent le plus de nos richesses naturelles ? Pourquoi par exemple un des plus grands producteurs d’uranium dans le monde qu’est le Niger à toujours des problèmes d’électricité ? Pourquoi par exemple la RDC considérée comme le pays où toutes les ressources minières se sont données rendez-vous est toujours un pays sous développé ? Pourquoi le Burkina Faso, un des plus grands producteurs d’or en Afrique n’a pas de réserve d’or ? La donne doit donc changer ! l’Afrique doit enfin se réveiller et prendre définitivement son destin en main. Quand vous prenez certains pays asiatiques qui, dans les années 60 à 70 étaient au même niveau de développement que l’Afrique et aujourd’hui ces mêmes pays sont très développés, on ne peut qu’affirmer que nous avons de sérieux problèmes, d’où la nécessité de changer le fusil d’épaule et pour cela, il faut se réveiller. Réveil info peut donc être vu comme une manière d’interpeller la conscience africaine pour que les choses changent et cela sur tous les plans. Depuis quelques années, le Burkina Faso est dans une nouvelle dynamique où les maitres-mots sont la souveraineté et l’indépendance, on espère que cela va contribuer à changer la donne. Quoi qu’il en soit, il est vraiment temps que l’Afrique se réveille ! Réveil info veut s’inscrire dans la dynamique de ce changement positif, de cette prise de conscience africaine.
On sait que dans notre pays, il y a des dizaines de médias en ligne. Comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu ?
IB : Comment ces dizaines de médias en ligne qui existent arrivent à tirer leur épingle du jeu ? J’ai été dans un grand marché en Chine où tout le monde vendait les mêmes choses : les portables et leurs accessoires. C’est à peu prés la même chose à Ouagadougou au marché Zaabr-Daga qu’on appelle souvent le marché des portables. Je crois que si ces marchés continuent d’exister, c’est que chacun essaie de tirer son épingle du jeu. C’est la même chose dans le milieu des médias en ligne. Nous l’avons déjà dit. Réveil Info n’inventera pas la roue. Il compte s’inspirer du travail remarquable des devanciers pour apporter sa touche. Chaque média a sa touche particulière ! Si la termitière vit, qu’elle apporte la terre à la terre. Comme l’a si bien dit Me Pacéré Titinga. C’est ce que nous voulons faire avec Réveil Info.
Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure notre entretien ?
IB : Je voudrais simplement remercier toutes celles et tous ceux qui ont cru à notre projet qui nous encouragent. Nous n’allons pas les décevoir inchallah ! Réveil Info se veut vraiment un média de proximité. Nous allons donner la parole à tous les citoyens, du sommet à la base. Du ministre au vigile en passant par les DG et autres PDG, chacun aura la parole dans notre média. Qu’on soit à Ouaga 2000 où dans le non loti le plus reculé de la capitale ou ailleurs, nous allons essayer d’aller vers tout le monde, d’écouter tout le monde et de donner la parole à tout le monde. Le paysan, l’ouvrier, le chauffeur, la vendeuse d’arachides au bord de la route, dans les marchés et Yaars…Réveil info sera à leurs côtés. C’est ensemble qu’on pourra développer notre pays mais bien avant, il faut très vite en finir avec le terrorisme. Pour paraphraser l’ancien maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, je dirais que : “Réveil Info sera ce que vous voulez qu’il soit”. Merci de nous soutenir!
Interview réalisée par Tarik Ouédraogo
LA PLUME