«La RPP du Capitaine Ibrahim Traoré s’inscrit dans la continuité de l’esprit de l’insurrection populaire de 2014»

Nous avons eu, ce 30 octobre 2025, un entretien avec Halidou Ouédraogo, doctorant en sciences économiques. Il revient sur les causes profondes de l’insurrection populaire d’octobre 2014, ses principaux acquis et les défis encore à relever pour concrétiser ses idéaux. Il établit aussi un lien entre cette insurrection et la Révolution progressiste populaire menée par le capitaine Ibrahim Traoré, en soulignant les continuités, les ruptures et les attentes du peuple burkinabè.

Quelles ont été les principales causes de l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso ?
Trois principales causes de l’insurrection populaire de 2014 au Burkina Faso ont été la mauvaise gouvernance, le non-respect des engagements pris devant le peuple et l’affaiblissement du parti au pouvoir. En effet, la longue durée au pouvoir de Blaise Compaoré a entraîné une usure du pouvoir avec ses corollaires de mauvaise gouvernance, illustrée par les détournements de fonds publics, les fraudes répétées dans les marchés publics, l’accaparement des richesses par les proches des dirigeants, etc. A la suite des multiples crises politiques et sociales consécutives à la mort du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons, ainsi que du chauffeur de François Compaoré, des engagements avaient été pris devant les sages de la Nation burkinabè à travers le Conseil des sages, parmi lesquels la limitation du mandat présidentiel, dont le dernier devait être celui de 2010-2015. Par ailleurs, la longévité de Blaise Compaoré au pouvoir ainsi que la mauvaise gestion du parti au pouvoir, le CDP, ont entraîné la démission d’un nombre significatif de ténors et de militants, toute chose qui a fragilisé le régime.
Quels ont été les acquis majeurs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 ?
En termes d’acquis, on peut citer la prise de textes sur la lutte contre la corruption, la liberté d’association, la révision de la Constitution pour verrouiller le mandat du président du Faso à deux, ainsi que la réouverture du dossier judiciaire de Thomas Sankara.
En quoi la Révolution progressiste populaire d’Ibrahim Traoré s’inscrit-elle dans la continuité de l’esprit de 2014 ?
En poursuivant la promotion et la valorisation du patrimoine laissé par le président feu Thomas Sankara, la Révolution progressiste populaire d’Ibrahim Traoré s’inscrit dans la continuité de l’esprit de l’insurrection populaire de 2014. Elle se distingue toutefois par des différences de fond dans plusieurs domaines, notamment en raison du contexte particulier d’insécurité que le Burkina Faso traverse depuis 2016.
Quels défis reste-t-il à relever pour que les idéaux de 2014 et ceux de la Révolution actuelle deviennent une réalité durable ?
Les défis à relever sont principalement ceux de la gouvernance économique et administrative, de l’amélioration des conditions de vie des populations et de l’inclusion dans la gestion de l’État.Le premier défi, celui de la gouvernance économique et administrative, passe par la transparence dans la gestion des ressources publiques et la désignation des responsables selon le mérite.Le second défi est l’amélioration des conditions de vie des populations afin de réduire la précarité et la pauvreté. Le troisième défi réside dans l’implication de tous les fils et filles du pays dans la gestion des affaires publiques, afin de valoriser les expertises nationales.
Avez-vous quelque chose à ajouter pour clore l’entretien ?
Le peuple suit, observe et analyse. Il se fait une idée de la gouvernance actuelle et la compare à celle qu’il désire pour le Burkina Faso. Cet écart dans la gouvernance devrait se réduire afin de renforcer l’adhésion du plus grand nombre à la Révolution progressiste populaire. Si cet écart s’accentue, certains pourraient se décourager et penser que rien n’a changé. Bien que des efforts soient faits pour permettre au peuple d’être en phase avec les valeurs patriotiques et endogènes, il reste nécessaire d’améliorer la qualité de la gouvernance à tous les niveaux. Cela permettrait d’offrir de meilleurs services publics et d’éviter le gaspillage, le pillage et le vol des ressources. Les révolutionnaires doivent rester fidèles aux idéaux de la Révolution et permettre au peuple de progresser avec eux, dans la confiance et la cohérence.
Interview réalisée par Djamal Ouédraogo
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