Procès pour détournement de fonds au ministère de l’Action humanitaire : L’audience de nouveau renvoyée au 3 décembre
Le procès de détournement de trois milliards de francs CFA au ministère de l’Action humanitaire, ouvert depuis le 15 novembre 2024, connaît un nouveau report. Initialement relancé ce vendredi 29 novembre 2024 au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (TGI), l’audience a été renvoyée au 3 décembre prochain, à la suite de vifs débats sur l’état de santé de Tiegnan Amidou, l’un des principaux accusés.
Le dossier, qui avait déjà été ajourné le 26 novembre en raison de l’état de santé fragile de l’accusé, s’est à nouveau heurté à la question de son aptitude à comparaître. Dès l’ouverture de l’audience, l’avocate de Tiegnan Amidou a renouvelé sa demande de renvoi, soulignant que son client était incapable de subir un procès dans son état actuel. Selon ses déclarations, l’accusé souffrirait de troubles physiques et psychologiques nécessitant une période de repos d’au moins deux semaines. Tiegnan Amidou a lui-même pris la parole pour détailler les circonstances de son transfert de l’hôpital Yalgado Ouédraogo à l’infirmerie de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).
Il affirme avoir passé une nuit difficile, sous l’effet de médicaments administrés par les services de santé, ce qui l’empêcherait de participer convenablement à sa défense. Face à ces déclarations, le ministère public a vigoureusement contesté la version de l’accusé. Selon le procureur, Tiegnan Amidou est en réalité apte à être jugé, et les médecins auraient confirmé que ses constantes vitales étaient normales. Le procureur a accusé le prévenu
de feindre une maladie dans le but d’échapper à ses responsabilités. « C’est un très bon acteur qui sait manipuler les faits pour gagner du temps. Si cela était un film, il mériterait un trophée au festival de Cannes », a ironisé le parquet, déclenchant des réactions dans la salle.
Pour dissiper tout doute, le tribunal a ordonné une expertise médicale indépendante. Cette dernière sera conduite par le directeur général du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo, avec faculté de délégation. Le tribunal a donné un délai de 48 heures pour que le rapport médical soit déposé. Ce document devra spécifier si l’état de santé de Tiegnan Amidou permet la poursuite du procès. Ce renvoi au 3 décembre est le troisième depuis l’ouverture du procès. Cette affaire, qui concerne un détournement présumé de fonds publics dans un contexte humanitaire critique, suscite un grand intérêt dans l’opinion publique.
Elle met en lumière des problématiques de gestion des fonds publics, particulièrement dans un domaine aussi sensible que l’action humanitaire. Alors que le tribunal tente d’équilibrer les impératifs de justice avec les droits de la défense, le report ajoute un nouvel épisode à une procédure déjà marquée par des rebondissements. Le rapport médical attendu dans les prochains jours jouera un rôle crucial pour déterminer si l’audience pourra enfin se tenir dans des conditions normales.
Salfo Zabré
LA PLUME