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[EDITO] Guerre Iran-Israël: L’Amérique entre en guerre, le monde retient son souffle

L’intervention directe des Etats-Unis contre le programme nucléaire iranien marque un tournant inquiétant. Les frappes menées aux côtés d’Israël sur les sites de Fordow, Natanz et Ispahan dépassent le simple soutien tactique. Elles officialisent l’entrée de Washington dans une guerre qui ne disait pas encore son nom. En frappant au cœur du territoire iranien, l’Amérique choisit l’escalade. Le président Trump, qui se présentait encore récemment comme un artisan de la paix, un homme déterminé à « ne pas répéter les erreurs » de ses prédécesseurs en s’engageant dans des conflits lointains, assume désormais une attaque de grande envergure. « NOW IS THE TIME FOR PEACE! », écrit-il paradoxalement, après avoir ordonné des bombardements d’une puissance sans précédent sur des sites sensibles.

Peut-on réellement appeler à la paix au moment même où l’on largue des bombes de 14 tonnes sur un pays en état d’alerte maximale ? L’argument avancé par Washington de frapper les infrastructures nucléaires avant qu’elles ne deviennent inaccessibles, répond à une logique stratégique. Mais à quel prix ? Déjà, les ripostes iraniennes pleuvent. Déjà, les civils meurent des deux côtés. Et déjà, les chancelleries du monde entier, de l’ONU à la Russie, de la France à la Turquie, s’alarment d’un possible embrasement régional incontrôlable. A Vienne, les ambassadeurs du Golfe, dont les pays sont voisins immédiats de ces installations nucléaires ciblées, évoquent ouvertement le risque d’une catastrophe. Car le danger n’est pas seulement militaire. Il est aussi diplomatique.

Cette attaque intervient alors que les canaux de discussion sur le nucléaire iranien étaient sur le point d’être relancés. Comment croire encore à la négociation quand le dialogue cède la place aux bombardements ? Comment reconstruire la confiance quand la voie diplomatique est perçue comme un leurre masquant des préparatifs de guerre ? Le choix de la force est toujours un pari risqué. Il suppose que l’adversaire fléchira, qu’il n’ira pas jusqu’au bout de sa menace. Mais l’Iran n’a pas fléchi. Il a riposté, et promet davantage. L’entrée en guerre de Washington pourrait bien entraîner tout le Moyen-Orient dans un cycle incontrôlable de violences, que ni les « succès » militaires ni les déclarations martiales ne pourront contenir. Il est encore temps d’agir autrement.

Il faut reculer, non par faiblesse, mais par lucidité. Reculer pour laisser une chance à la paix. Reculer pour éviter qu’un affrontement militaire ne dégénère en guerre ouverte entre puissances régionales et internationales. Reculer pour faire taire les bombes et rouvrir la voie du dialogue. Le monde retient son souffle. À ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir de décision revient la responsabilité immense de ne pas le laisser s’éteindre.

La Rédaction

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