Grand Entretien du Capitaine Ibrahim Traoré : L’analyse de Me Said Larifou, président du PASTEF-AFRICA

Ceci est une analyse de Me Saïd Larifou, président du PASTEF-AFRICA sur le grand Entretien du chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré ténu le vendredi 26 Avril 2024 à Bobo-Dioulasso
« Ce grand Entretien du chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré traduit à la fois une préoccupation majeure de son pays et sans doute d’autres pays du Sahel mobilisés pour la défense de leur souveraineté effective . L’insécurité y résultant est un défi vital auquel les organisations régionales et internationales n’ont jusqu’alors su ou voulu s’impliquer sincèrement pour lui apporter le soutien nécessaire pour l’éradiquer.
Ce pays est livré à lui-même et fait usage de ses propres moyens pour tenir tête aux terroristes qui quelque fois sont soutenus par des puissances régionales et étrangères pour le déstabiliser. Il est affligeant de constater l’impuissance de l’Union Africaine, de la Cédéao et d’autres organisations internationales à aider et garantir aux États à assurer leur indépendance et défendre leur souveraineté. Les agressions dont sont victimes ces Etats n’ont jusqu’alors fait l’objet d’examen sérieux et les instruments juridiques, diplomatiques et militaires disponibles n’ont pas été utilisés pour éradiquer sérieusement ces conflits. Il me semble très urgent pour les organisations politiques , de la société civile et toutes les forces vives africaines de se réunir pour discuter les formes de soutien à apporter aux pays africains exposés à l’insécurité en cette période de profonde mutation de la sous-région.
Dans ce contexte particulier , le chef de l’Etat du Burkina Faso a souhaité s’exprimer sur ces sujets qui préoccupent les citoyens burkinabés. Tout d’abord, il a tenu à rassurer la population et poser les défis à venir pour un Etat de droit et une sauvegarde de l’intégrité territoriale. Depuis sa prise de pouvoir et l’orientation prise par la gouvernance de son pays, en lien avec la convergence de vue partagée par certains voisins, il n’en demeure pas moins vrai que les relations avec la Côte d’Ivoire se sont petit à petit tendues.
S’il est vrai que l’approche qui est faite de retrouver la souveraineté politique et économique du Burkina Faso préoccupe et interroge sur le plan régional mais aussi en France au regard de l’ utilisation du FCFA, monnaie héritée de la décolonisation, l’indépendance d’un pays ne peut se concevoir au 21ème siècle aussi sans la maîtrise de sa monnaie, chose qui fait défaut aux pays de la Cédéao. Cette tutelle financière est mal vécue, elle devient insupportable, cet enfantillage est de moins en moins toléré. Comme les autres Etats au monde, l’Afrique va pouvoir exercer sa souveraineté économique et financière dans un esprit de partenariat intelligent et gagnant-gagnant avec ses anciens et nouveaux partenaires .
Aujourd’hui le monde multipolaire prôné et mis en œuvre par les BRICS est de mon point de vue une nécessité et une opportunité pour nos pays de parachever la décolonisation et d’atteindre la souveraineté de l’Afrique. Il a été évoqué la relation particulière avec la Côte d’ Ivoire et principalement avec Alassane Ouattara qui compte tenu de son leadership pourrait beaucoup contribuer pour la paix , la sécurité en Afrique et dans l’espace de Cédéao en particulier.
Le choix du Mali, du Niger et du Burkina de quitter la Cédéao porte bien évidemment un coup à cette institution qui ne parvient toujours pas à s’acquitter de ses obligations envers les Etats membres. Cette crise de la Cédéao pourrait emmener cette organisation à revoir ses objectifs au regard de sa charte et sa gouvernance.
Le chef de l’Etat a aussi insisté sur le fait que des puissances étrangères via des proxis essaient de déstabiliser le pays par toutes sortes de manœuvres mais que le Burkina saura sauvegarder ses institutions et la liberté des Burkinabè. Cette situation traduit une triste réalité Africaine. Le Nouvel Ordre Africain exige un esprit de solidarité entre nos Etats africains pour empêcher les agressions commanditées par des puissances étrangères. La politique de dénigrement et d’humiliation de nos Etats ne peut entamer l’aspiration légitime des peuples d’Afrique pour la libération irréversible et totale de nos pays.
A l’instar de ce qui s’est passé au Sénégal où les forces vives de la nation ont exprimé clairement et avec caractère un autre choix de société en votant majoritairement pour une politique de rupture soutenue par le parti politique panafricaniste le Pastef d’ Ousmane Sonko, nous pouvons considérer que la seconde étape de libération des peuples africains arrive aujourd’hui par ce neo-panafricanisme qui s’assigne comme mission et obligation de bâtir un « nouvel Ordre Africain».
La PLUME