Les hommes et femmes de médias ont participé à une formation intensive à Gaoua ce lundi 9 septembre 2024, sur l’élimination du paludisme, organisée par le Secrétariat permanent du paludisme (SP-Palu) avec le soutien du Fonds mondial. Cette formation s’inscrit dans le cadre d’une caravane de sensibilisation, qui se poursuivra à Banfora du 13 au 14 septembre, puis à Dédougou du 26 au 27 septembre 2024. L’objectif de cette initiative est d’encourager la production de contenus médiatiques dédiés à la lutte contre le paludisme et de susciter une mobilisation nationale autour de cette cause de santé publique.
Selon le Dr Bakary Traoré, directeur régional de la santé du Sud-Ouest, l’objectif principal de cette formation est de permettre aux journalistes de mieux comprendre les enjeux liés au paludisme afin de produire des contenus pertinents et informatifs à destination du grand public. En mobilisant les médias, les organisateurs visent à amplifier les messages de sensibilisation, une stratégie cruciale dans un pays où le paludisme reste l’une des premières causes de morbidité et de mortalité.
Le paludisme demeure un obstacle majeur au développement durable du Burkina Faso. Selon les statistiques du Système d’information national sanitaire (SNIS) de 2023, le pays a recensé 10 777 110 cas de paludisme, dont 547 042 cas graves et 3 396 décès. Dr Traoré a souligné que cette situation est un frein pour plusieurs secteurs vitaux. « L’impact du paludisme va au-delà de la santé ; il affecte l’espérance de vie, l’éducation des enfants, la productivité économique et même l’épargne familiale et nationale », a-t-il déclaré. Face à cette situation alarmante, le Secrétariat permanent du paludisme a mis en place une stratégie nationale de lutte, qui repose sur plusieurs piliers.
L’un des principaux est la chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS), destinée aux enfants de 3 à 59 mois, une période critique durant la saison des pluies. Il y a également le traitement préventif intermittent (TPI) administré aux femmes enceintes dès la 16ᵉ semaine d’aménorrhée, qui a permis de réduire considérablement les cas de paludisme chez cette population vulnérable. Enfin, le déploiement du vaccin contre le paludisme pour les enfants de 5 à 23 mois constitue un autre volet essentiel de cette stratégie. Ces mesures sont renforcées par la lutte anti vectorielle, incluant l’utilisation généralisée de moustiquaires imprégnées.
Ces actions coordonnées montrent l’engagement du gouvernement et de ses partenaires à réduire le poids du paludisme au Burkina Faso. Après la formation, la caravane de presse a effectué des visites de terrain, notamment auprès de trois centres de santé : le CSPS de Tonkar, le centre médical du secteurN N°2 et le centre médical urbain de Gaoua. Ces visites ont permis de recueillir des témoignages sur la gestion du paludisme au niveau local. À Tonkar, sur 280 enfants consultés, 53 ont été diagnostiqués positifs au paludisme, dont deux cas graves. Fait notable, ces deux enfants n’avaient pas bénéficié de la CPS.
Pour l’Infirmier chef de poste, Ilassa Savadogo, la prise en charge des patients se déroule bien et les consultations se font quotidiennement. Il a également noté que très peu de femmes enceintes atteintes de paludisme ont été recensées, signe que la distribution des moustiquaires et les campagnes d’information commencent à porter leurs fruits. Namsia Barbissa, une patiente hospitalisée au centre de Gaoua, est atteinte de paludisme. « Je suis venue pour une consultation, et c’était le paludisme. J’ai été hospitalisée et j’ai reçu les soins nécessaires. Maintenant, je vais mieux. J’ai reçu des conseils sur l’utilisation des moustiquaires et l’importance de l’hygiène publique pour éviter de retomber malade », a t-elle confié. Au-delà de l’aspect médical, la caravane a rendu visite au chef coutumier de Gaoua. Cette rencontre symbolise l’implication des autorités traditionnelles dans la lutte contre le paludisme.
Leur engagement renforce la portée des actions de prévention et permet d’assurer une adhésion plus large de la population. La sortie du jour s’est terminée par une animation publique à Gaoua, visant à informer les populations sur les gestes de prévention du paludisme et les avantages des interventions comme la CPS et la vaccination. Pour les organisateurs, ce type d’initiative permet de toucher directement les citoyens et de rappeler l’importance des mesures de prévention, notamment l’utilisation systématique des moustiquaires et la nécessité de consulter rapidement en cas de fièvre. A travers cette caravane, le SP-Palu et ses partenaires espèrent créer une dynamique positive autour de l’élimination du paludisme et mobiliser la société burkinabè dans son ensemble.
Bernadine Ouédraogo (Stagiaire)
LA PLUME