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[EDITO] Togo: Faure Gnassingbé, d’un président à l’autre, maître absolu de la 5e République

C’est désormais officiel. Le Togo entre dans une nouvelle ère institutionnelle avec l’instauration d’un régime parlementaire, confirmée en séance plénière à l’Assemblée nationale ce samedi 3 mai 2025. Après des mois de vifs débats et de vaines résistances de l’opposition, la transition est actée : Faure Essozimna Gnassingbé, ancien président de la République, devient Président du Conseil, un poste clé créé par la Constitution adoptée en mai 2024.

Mais derrière ce changement d’étiquette se cache une réalité implacable : Faure n’est plus Président… mais il concentre plus que jamais les leviers du pouvoir exécutif. En tant que Président du Conseil, il dirige la politique nationale, préside le Conseil des ministres, contrôle les forces de défense et de sécurité, pilote la diplomatie, nomme aux postes civils et militaires, exerce le pouvoir réglementaire, et dispose même du droit de grâce. Un véritable pouvoir sans partage, déguisé sous les atours d’un régime parlementaire.

Pendant ce temps, Jean Lucien Savi de Tové, 86 ans, vétéran de la vie politique et membre fondateur de la CPP, est nommé Président de la République à titre honorifique. Un rôle symbolique sans réel pouvoir, accordé à un opposant issu du Sud-Togo, comme pour donner des gages d’équilibre ethnique ou politique.L’opposition dénonce une manœuvre cynique. Nathaniel Olympio, leader du Parti des Togolais et figure du mouvement Touche pas à ma Constitution, qualifie ce 3 mai de « journée triste » pour la nation, pointant l’avènement d’un « monarque » déguisé. Mais ses protestations peinent à mobiliser.

Dans ce Togo aux plages bordées de palmiers, le calme reste de mise, et la résignation semble l’emporter sur l’indignation.Le vin est tiré, il faudra le boire. Si l’opposition s’enlise, Faure Gnassingbé, lui, trace sa route. Le compte à rebours est lancé pour un mandat de six ans, renouvelable. Le fils d’Afagnan s’installe durablement au sommet de l’État, avec l’onction d’une Constitution taillée sur mesure.Reste une urgence : préserver le vivre-ensemble, éviter les fractures irréversibles et maintenir la cohésion sociale. Régime parlementaire ou monarchie républicaine ? Le débat est ouvert. Mais plus que jamais, le Togo aura besoin de paix, de lucidité et d’un sursaut démocratique.

La Rédaction

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