[ÉDITO]- De l’insurrection populaire à la révolution, la quête d’un vrai renouveau national

Onze ans après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, il est légitime de s’interroger sur le chemin parcouru par le Burkina Faso. Ce sursaut national, né de la colère et de l’espoir, avait porté haut les valeurs de justice, de liberté et de dignité. Des milliers de jeunes, de femmes et d’hommes avaient bravé la peur pour dire non à l’injustice et au pouvoir à vie. Beaucoup y ont laissé leur vie, d’autres en portent encore les stigmates.
Le 31 octobre 2025, la Nation leur a rendu hommage, comme chaque année, dans la sobriété et la solennité. Mais au-delà des fleurs et des discours, il faut oser le dire, l’esprit de l’insurrection semble s’être dilué au fil du temps. Les régimes qui ont succédé à la chute de Blaise Compaoré n’ont pas su, ou pas voulu, traduire dans les faits les aspirations profondes du peuple insurgé. Le changement attendu n’a pas été au rendez-vous. Les mêmes pratiques ont perduré : clientélisme, affairisme, favoritisme, promesses creuses.
Beaucoup de Burkinabè ont fini par se demander si le sacrifice de 2014 n’a pas été trahi, si le rêve d’un Burkina nouveau n’a pas été confisqué. Pourtant, tout n’est pas perdu. L’avènement de la révolution progressiste et populaire conduite par le capitaine Ibrahim Traoré semble marquer un tournant. Par son discours et ses actes, elle se veut en rupture avec l’ordre ancien, en quête d’un véritable renouveau national. Le message de souveraineté, d’indépendance économique, de réhabilitation de la dignité du peuple trouve un écho favorable auprès de nombreux Burkinabè qui y voient le prolongement naturel de l’esprit du 30 et 31 octobre 2014.
Pour la première fois depuis longtemps, des symboles forts de justice sociale et de patriotisme s’affirment à nouveau, redonnant espoir à un peuple longtemps désabusé. Mais l’espoir seul ne suffit pas. Il faut qu’il se traduise par des résultats concrets, palpables dans la vie quotidienne des citoyens. La révolution actuelle n’a pas droit à l’erreur. Si elle veut incarner l’héritage des martyrs de 2014, elle devra s’attacher à réformer en profondeur les institutions, à moraliser la vie publique, à protéger les plus faibles, et à garantir à chaque Burkinabè une place dans le projet collectif.
Car la véritable victoire de l’insurrection ne se mesurera pas dans les discours, mais dans la transformation réelle de la société. Les Burkinabè ont payé cher leur liberté. Ils n’ont plus envie de revivre un autre 30 ou 31 octobre. À la révolution actuelle de prouver qu’elle est bien celle du peuple insurgé, celle qui concrétisera enfin les idéaux de justice, de dignité et de souveraineté pour lesquels tant de vies ont été sacrifiées. L’histoire, elle, retiendra ceux qui auront su être fidèles à cet héritage.
La Rédaction



