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« Le Président Azali Assoumani a commis 40 assassinats »

Nous l’avons accosté dans un hôtel de la place lors de son passage à Ouagadougou le dimanche 26 janvier 2025. Me Saïd Larifou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un avocat et homme politique comorien. Très engagé pour la cause africaine, celui qu’on appelle affectueusement le défenseur des veuves et des orphelins s’est prêté en long et en large à nos questions. Parmi lesquelles, le dossier du jeune gendarme qui a tenté d’agresser le Président Azali Assoumani avec une arme blanche. « De nombreuses personnes vivent sous la répression du colonel Azali et acceptent très difficilement la dictature d’Azali»,  a-t-il lâché avant d’entrer dans le vif du sujet.

Pour la petite histoire, il s’agit d’un jeune gendarme qui a agressé le président Azali avec une arme blanche le 13 septembre dernier, alors que celui-ci s’est rendu dans une localité proche de la capitale pour assister aux funérailles d’une grande personnalité qui se trouve être le grand-père du jeune pandore en question. A la suite de cette agression, précise Me Saïd Larifou, le jeune gendarme a été maîtrisé et conduit par les agents de sécurité à la présidence où il sera torturé à mort. « Il a clairement été assassiné », foi de l’homme politique comorien, qui explique que le procureur avait dans un premier temps, parlé d’ouverture d’une enquête pour établir les circonstances de la mort de ce jeune militaire, mais sera par la suite classée sans suite selon ce dernier. « Le samedi 14 septembre 2024, à 20h, des militaires sont venus dans son village pour interpeller sa mère pour la conduire à la gendarmerie. Elle a été amenée « Manu Militari » avec son bébé de 8 mois où elle subira un interrogatoire à charge à la gendarmerie jusqu’à 1h du matin. Elle sera ensuite relâchée dans les rues de Moroni avec son bébé de 8 mois dans les bras », raconte notre interlocuteur. Comme si cela ne suffisait pas, le beau-père du jeune gendarme et son frère de 12 ans seront à leur tour interpellés, et sa mère a dû faire une compromission selon la volonté du fils d’Azali pour voir ses proches libérés.

A savoir, faire une déclaration à la presse pour affirmer que le corps de son fils mort ne portait pas de trace de violence et de torture. Chose que la bonne dame a fait sans daigner pour voir sa famille libérée selon l’homme politique.  Avec les éléments de preuves en sa possession, le défenseur des veuves et des orphelins, se dit convaincu que le fils d’Azali est l’un des commanditaires de l’assassinat de ce jeune militaire.  « Nous ne pouvons pas rester silencieux pendant que quelqu’un se maintient au pouvoir en assassinant ses opposants. A l’instant où je vous parle, le peuple comorien est en légitime défense contre Azali, qui a démoli tout ce que nous disposons comme structure sociale, culturelle, religion, contre les institutions », s’indigne l’homme à la robe noire.

De ses explications, le dirigeant des îles Comores a dit clairement qu’il ne quittera pas le pouvoir. Et que ceux qui veulent le faire partir n’ont qu’à se préparer pour l’affronter. « A partir de là, nous pensons, nous disons et nous encourageons le peuple comorien à s’ériger en légitime défense contre les assassinats. Sous sa responsabilité depuis 2016, Azali a commis 40 assassinats au total », a laissé entendre Me Saïd Larifou, qui en veut pour preuve, en 2020, où à la sortie d’un bureau de vote dans sa localité, après avoir exercé son droit civique en présence des journalistes, il a affirmé ceci : « ceux qui seraient tentés de s’opposer à ma politique, je vous autorise à les égorger ». Dans la même veine, il s’en est suivi une autre déclaration de son directeur de cabinet, chargé de la défense, qui a invité les opposants à préparer leur testament.  « C’est en ce moment que des assassinats commis par les militaires en toute impunité ont commencé. Il n’y a jamais eu d’enquête ouverte », regrette l’avocat, qui dit avoir reçu une balle en caoutchouc dans sa cuisse alors qu’il mobilisait les candidats pour dire non au braquage électoral. L’un dans l’autre, il faut que cela cesse. C’est pourquoi Me Saïd Larifou a appelé le peuple comorien à prendre ses responsabilités pour sortir de la « dictature » d’Azali.

Omar SALIA

LA PLUME

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