Éducation de Base : Signature d’une aide-mémoire entre l’État, les PTF et la société civile

Le ministre de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MEBAPLN), Jacques Sosthène Dingara, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, a présidé la Réunion des Décideurs ce jeudi 22 mai 2025 à Ouagadougou. Cette rencontre s’est inscrite dans le cadre du calendrier à rebours de la Mission conjointe de suivi (MCS3) du Plan stratégique de développement de l’éducation de base et de l’enseignement secondaire (PSDEBS). Elle a porté sur la signature de l’aide-mémoire entre le gouvernement, les Partenaires techniques et financiers (PTF) ainsi que la société civile, conformément à l’alinéa 62 de la charte du cadre partenarial du 29 août 2024.

Jacques Sosthène Dingara a indiqué qu’après cinq jours de réflexion et d’échanges fructueux lors de l’atelier technique de la troisième mission conjointe de suivi (MCS3) de la mise en œuvre du PSDEBS, ils se retrouvent pour la séance de clôture, marquée par la signature de l’aide-mémoire. Il a rappelé que l’année 2024 a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du PSDEBS 2021-2025 dans un contexte national dynamique, avec notamment l’introduction de l’initiation aux métiers dans l’enseignement primaire et de l’apprentissage de métiers dans les cycles post-primaire et secondaire ; la mise en œuvre de l’Initiative présidentielle pour une éducation de qualité (IPEQ) ; la réforme des curricula avec l’introduction de l’anglais, des technologies de l’information et de la communication (TIC), des langues nationales et des savoirs endogènes dans les pratiques pédagogiques ; et la poursuite des efforts de reconquête et de sécurisation du territoire national, condition indispensable à l’exercice effectif du droit à l’éducation.

Le ministre a également souligné que la MCS3 a permis de dresser le bilan technique et financier des activités et financements de l’année 2024 par axe stratégique, de suivre les indicateurs retenus dans la matrice de mesure des résultats du PSDEBS, d’apprécier les résultats obtenus et de formuler des recommandations pour une mise en œuvre plus efficace du plan en 2025. « Malgré le contexte sécuritaire que traverse notre pays, l’exécution du PSDEBS est globalement satisfaisante », s’est-il réjoui. En termes de résultats, le PSDEBS affiche en 2024 un taux d’exécution financière de 91,39 % et un taux d’exécution physique de 84,72 %. Dans les zones reconquises, plus de 1 900 structures éducatives ont rouvert, permettant la réinstallation de plus de 432 390 élèves. «En tout, 19 652 établissements scolaires étaient fonctionnels en 2024, répartis comme suit : 10,4 % de structures préscolaires, 69 % d’écoles primaires et 20,6 % d’établissements post-primaires», a-t-il précisé. La répartition par type d’établissement indique que 57,8 % relèvent du public, 40,7 % du privé et 1,5 % du communautaire. Plus de 4 420 000 élèves ont été scolarisés en 2024, dont 69,6 % au primaire, 27 % au post-primaire et au secondaire, et 3,5 % au préscolaire. Les filles représentent 51,2 % de l’effectif total.

L’Enseignement et la formation techniques et professionnels concernent 5,1 % de l’effectif total du post-primaire et du secondaire. Quant à la proportion d’élèves en situation de handicap, elle s’élève à 1,7 % au primaire, 1,5 % au préscolaire et 1 % au post-primaire et secondaire. Les taux bruts de scolarisation (TBS) sont de 6,9 % au préscolaire, 78,2 % au primaire, 40,6 % au post-primaire et 18,9 % au secondaire. Les taux d’achèvement atteignent 54,5 % au primaire, 30,3 % au post-primaire et 16,1 % au secondaire. Dans le domaine de l’Éducation non formelle (ENF), 2 079 niveaux ont été ouverts, touchant 57 804 apprenants, dont 74,3 % de filles/femmes. Le ministre a précisé que toutes les huit recommandations formulées en 2024 ont été entièrement mises en œuvre et les cinq thèmes prioritaires traités. « Qu’il me soit permis d’exprimer toute ma satisfaction et de saluer la résilience exceptionnelle de la communauté éducative », a-t-il confié. Malgré les efforts des acteurs et partenaires de l’éducation, le ministre a reconnu que des défis demeurent. Pour y faire face, un accent particulier sera mis en 2025, notamment sur la réalisation et la réhabilitation des infrastructures éducatives dans les zones reconquises ; la réponse rapide en cas d’urgence ;le développement de la formation professionnelle et technique ;et le renforcement des capacités des ministères pour une meilleure transformation des ressources en résultats.

La mission conjointe a retenu, au titre de l’année 2025, six recommandations et cinq thèmes prioritaires dont la mise en œuvre contribuera à renforcer la performance du système éducatif. Le ministre a lancé un appel solennel à toutes et à tous pour cultiver l’excellence, le professionnalisme et la rigueur dans l’exercice quotidien de leurs missions. « J’engage en particulier les responsables, tant au niveau central que déconcentré, à maintenir et renforcer la dynamique actuelle, conformément à la vision des plus hautes autorités de notre pays. J’exhorte également les responsables des groupes thématiques et du cadre partenarial à tenir régulièrement leurs instances et à garantir la participation effective de leurs membres, condition sine qua non à une bonne exécution des actions planifiées », a-t-il exhorté.

Pour sa part, Dr James Mugaju, représentant par intérim de l’UNICEF et chef de file des PTF de l’éducation, a réaffirmé l’engagement des partenaires à accompagner les priorités nationales dans le secteur de l’éducation. Il a salué la collaboration entre le MEBAPLN et le MESFTP, qui s’inscrit selon lui dans une logique d’efficacité, afin de garantir l’accès et la qualité de l’éducation pour chaque enfant. Il a souligné que la signature de l’aide-mémoire représente une véritable feuille de route, traduisant l’engagement collectif à améliorer l’efficience et l’efficacité dans la transformation des ressources en résultats tangibles pour les enfants.

Aminata Hien/Fofana, représentante de la société civile, a pour sa part salué la démarche participative et inclusive qui a prévalu tout au long du processus de la MCS3. Elle a interpellé les parents à jouer pleinement leur rôle en amorçant l’éducation des enfants dès la cellule familiale. «J’invite chacun et chacune à redoubler d’efforts pour accompagner chaque enfant, adolescent et jeune de notre nation, dans le respect de nos valeurs et de la discipline », a-t-elle lancé. Mme Hien a rappelé les actions menées par la société civile en 2024, notamment la mobilisation sociale pour la scolarisation des enfants vulnérables, particulièrement les filles et ceux vivant dans les zones de repli ; le plaidoyer national et international pour un accroissement des ressources allouées à l’éducation ; ainsi que la participation active aux instances de pilotage du PSDEBS. Elle a cependant évoqué plusieurs défis à relever, parmi lesquels la formation des enseignants sur l’éducation civique et morale, l’insuffisance de manuels scolaires dans les zones de crise, et le relèvement éducatif dans les zones reconquises. « J’en appelle au sens élevé de responsabilité de chacun pour bâtir une éducation inclusive et de qualité pour toutes et tous au Burkina Faso », a conclu Aminata Hien.
Némata Kaboré (Stagiaire)
LA PLUME