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Crise au sein du CNEI-BF:  Des acteurs du secteur informel exigent l’organisation de nouvelles élections

Le torchon brûle au sein du Conseil national de l’économie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF). Réunis en conférence de presse ce lundi à Ouagadougou, les membres de la Coalition des associations du secteur informel ont exigé que Salifou Nikiéma, président contesté du CNEI-BF, cesse immédiatement de s’exprimer et d’agir au nom de l’institution, suite à la suspension judiciaire du récépissé validant son bureau.

Cette sortie médiatique intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de la légitimité du bureau dirigé par Salifou Nikiéma, dont l’élection est jugée entachée de nombreuses irrégularités par plusieurs associations du secteur.« Salifou Nikiéma n’a plus le droit de prendre la parole au nom du CNEI-BF », a martelé Emmanuel Nacoulma, porte-parole de la Coalition. Selon lui, l’ensemble du processus électoral mené fin 2024 a manqué de transparence, malgré les mises en garde du ministère de la Jeunesse et des Sports, autorité de tutelle du CNEI-BF.D’après la Coalition, deux correspondances officielles du ministère datées des 25 et 27 novembre 2024 demandaient expressément à M. Nikiéma de suspendre les élections. « Le ministère a rappelé qu’il fallait d’abord se comprendre, mais Salifou Nikiéma a refusé et n’a pas respecté l’autorité », a souligné M. Nacoulma.Malgré ces appels au dialogue, le président sortant a organisé les élections à Tenkodogo le 28 novembre 2024, une démarche jugée unilatérale. « Pourquoi aller faire un congrès à Tenkodogo ? En 2019, ils l’ont fait à Ouagadougou sans problème. Ils voulaient le faire à Manga mais n’ont pas eu d’autorisation, alors ils sont allés à Tenkodogo.

Cela montre bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas », a-t-il déclaré.Au-delà de la contestation du lieu et du processus, la Coalition évoque également des cas de falsification. Le récépissé validant l’élection porterait la date du 28 décembre 2024, alors que le scrutin s’est tenu un mois plus tôt. Une incohérence qui a motivé la saisine de la justice.« Nous avons saisi la justice pour avoir accès au procès-verbal des élections, mais ce document ne nous a jamais été remis. Et quand l’audience a été programmée, M. Nikiéma et ses avocats l’ont repoussée à trois reprises », a déploré le porte-parole.

Finalement, la justice a suspendu le récépissé litigieux le 7 avril 2025.La Coalition, tout en précisant ne pas être opposée à une nouvelle candidature de Salifou Nikiéma, réclame un nouveau processus électoral transparent, sous la supervision du ministère de tutelle. « S’il veut être candidat, il peut. Et s’il remporte les élections dans la transparence, nous allons l’accompagner », a précisé Emmanuel Nacoulma. Ce dernier insiste toutefois sur le respect des textes et des procédures, dénonçant la tentative de « forcer la ligne » pour briguer un second mandat.

« Ce que nous dénonçons, ce n’est pas la personne de M. Nikiéma, mais la manière dont il a violé les règles pour se maintenir au pouvoir. ».Face à l’impasse actuelle, la Coalition en appelle à une réaction rapide du ministère de la Jeunesse et des Sports. Elle demande l’organisation dans les plus brefs délais de nouvelles élections afin de rétablir la crédibilité du CNEI-BF et d’assurer la stabilité de la représentation du secteur informel.« Le développement du secteur informel est indissociable de la stabilité de ses institutions représentatives », a conclu le porte-parole, appelant l’ensemble des acteurs du pays, des régions jusqu’au niveau national, à prendre conscience de la gravité de la situation.

Djamal Ouédraogo 

LA PLUME

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